Rencontre avec Marion Muller-Collard : croire, qu’est-ce que ça change ?
Dès les premiers instants, une tension se dessine entre savoir et croire. Marion, avec une humilité rare pour une intellectuelle de son envergure, refuse le titre d’experte. Elle préfère parler depuis son humanité, ses doutes, ses fractures, ses convictions mouvantes.
Ce que croire n’est pas ?
Ce n’est pas une certitude, ce n’est pas une vérité figée, ce n’est pas une expertise. C’est une lucidité sur nos limites. Croire, c’est savoir que l’on croit.
Les grands moments – Les temps forts de la rencontre
1. Croire, un acte de lucidité
Marion parle d’un monde saturé d’informations, où nos repères vacillent. Dans cette tempête, croire devient un acte conscient, presque de survie : distinguer l'information vérifiable de la croyance subjective ; ne pas confondre conviction intime avec vérité absolue.
2. La confiance, une folie nécessaire
Dans un moment bouleversant, elle évoque ses enfants envoyés seuls en train, malgré les peurs, avec cette statistique improvisée : « 99 % des humains sont bienveillants. » Croire, c’est aussi prendre le risque de faire confiance, même après avoir été trahi. C’est refuser que la honte change de camp.
« Tu ne devrais pas avoir honte. La honte n’est pas dans le bon camp. »
3. L’intime, comme ultime espace de vérité
Marion nous rappelle que derrière nos fonctions sociales – mère, salarié, écrivain – il y a l’intime, ce lieu sans masque, sans rôle. Elle cite Rilke et parle de l’envers du décor, de cette profondeur partagée où chacun peut toucher à l’universalité.
« L’intime, c’est là où on est plus fonctionnel. Et pourtant, c’est là qu’on existe vraiment. »
🧠 Un échange intellectuellement vivifiant
La question du doute traverse toute la conférence. Contrairement à une vision binaire croyance/doute, Marion défend une vision dialectique : le doute est une étape féconde de la croyance.
Elle se montre critique sur la glorification des figures comme Elon Musk ou Bill Gates. Leur succès matériel est incontestable, mais leur croyance dans un progrès technologique "universel" laisse beaucoup de monde au bord du chemin. Croire, dit-elle, ne peut pas se faire seul. Le doute y joue un rôle sain.
Témoignages du public : croire pour survivre
Les témoignages bouleversants de participants ont enrichi cette rencontre. Une femme raconte comment croire en elle, après avoir perdu son emploi, l’a littéralement relevée. Une autre, à travers une anecdote touchante autour d’un concert, démontre que la foi en la bonté humaine peut transformer une situation en miracle.
Conclusion : qu’est-ce que ça change, de croire ?
Tout.
Croire, ce n’est pas être naïf. C’est avoir la force de continuer, de se lever, de faire confiance, d’espérer même quand les faits ne suffisent plus. C’est transformer l’incertitude en opportunité. C’est tenir bon dans l’obscurité en croyant que l’aube viendra.
« Car chaque matin où tu te lèves, il y a bien quelque chose que tu crois, et qui te met debout. »
Ce fut un moment rare, vibrant de profondeur, d’intelligence, et d’humanité partagée. Marion Muller-Collard ne nous a pas livré un secret, mais un espace : celui où croire devient une manière de vivre, de se relier aux autres, et de grandir.